De Lipari à Ponza à contre-vent

Lipari (Iles Eoliennes)

Nous embarquons une équipière , Isabelle qui était sur Djambo . Elle profitera de mon retour un peu plus précoce et remplacera Myr qui va prendre un avion à Rome . L’idée de faire le retour en solo , si elle m’inspirait bien , moi , l’inquiétait , elle , sur le plan sécurité . Isabelle a l’habitude du bateau , et deux étapes pour faire connaissance de Pantaia en compagnie de Myr sont une bonne chose . 

8/08 : Juste à coté de notre mouillage de Lipari , le quai métallique « Eolian Bunker »bien nommé , est le poste à carburant ; très pratique pour faire le gasoil . Les énormes pare battages en disent long sur le clapot qui peut régner ici parfois . Ce matin c’est le calme , il fait beau et j’ai une équiper supplémentaire , facile!

Nous avons décidé de faire d’abord cap sur Stromboli à une vingtaine de milles en diagonale sur notre route . Ce ne sera pas un gros détour . Stromboli volcan au cône parfait de 900m de haut ; il est en activité permanente , c’est à dire qu’il n’ emmagasine pas la pression pour exploser brutalement (Vésuve) ou cracher subitement d’énormes quantités de laves (Etna), non lui il « crachote » en permanence . Le panache de fumée s’aperçoit de loin qui fait qu’on le surnomme le phare de la méditerranée . Il aurait guidé Ulysse dans son voyage . Plusieurs fois par heures il lâche en plus de la fumée un jet de lapillis (pierres) brulants qui de jour fait un nuage marron et la nuit ces pierres incandescentes font feu d’artifice . Mais pour nous pauvres navigateurs l’escale Stromboli est difficile : pas de mouillage sûr , profondeur importante et contraintes météo . 

C’est à midi que nous obliquons après avoir fait des photos pour prendre notre cap sur Ponza dans l’archipel des Pontines . 175 milles prévus au près avec un vent modéré . C’est avec le vent plein de face et de la houle que nous entamons cette remontée , la rotation du vent vers l’ouest qui était prévue , n’a pas lieu , mais le renforcement du vent oui , jusqu’à 22n apparent . La houle bien sûr, ne faiblit pas . Rien à faire pour s’échapper . Vers l’est c’est la côte italienne , à l’ouest la Sardaigne , tout cela est bien loin de Rome . Les chemins qui y mènent sont parfois très longs même si tous y vont dit-on. C’est une nuit rude , avec un ris dans la grand-voile sans foc , à taper dans la mer parfois violemment , seulement 5n à 5,5n grâce au moteur qui nous pousse avec bravoure . Les quarts se succèdent , difficile de faire à manger : Thé , biscuits , salade dans un bol , le tout cramponné pour éviter la valse . La table à carte se dandine devant mes yeux et tenir le journal de bord ne met pas en valeur ma belle écriture de toubib (tient c’est vrai je l’ai été, dans un temps qui me semble déjà lointain) . Par bonheur sur Pantaia tout fonctionne bien et il encaisse sans se plaindre, ce qui n’est pas le cas sur Cap’Alla qui à 2h du matin tombe en panne de pilote automatique ; la tuile pour eux , car barrer dans ces conditions est pénible , très pénible , et en plus peu intéressant , à l’inverse de la sensation que l’on a sous voiles pure , et les heures sont longues , bien longues .

C’est seulement vers 10h du matin que le vent faiblit , à 13- 15n sans bouger de direction et vers midi la houle s’améliorant , notre vitesse remonte à 6n . Nous sommes heureux d’atterrir à Ponza à 17h après avoir pu mettre le génois et marcher à la voile pendant ... 1h sur les 33h de traversée !

Ponza est magnifique , belle récompense méritée après la punition de cette traversée . Des rochers tourmentés avec des falaises blanches et brunes , des aiguilles surgissant de la mer forment des sculptures fantasmagoriques. Une ile des premiers matins du monde . Mais nous sommes en aout et d’autres , beaucoup d’autres sont venus contempler ce joyau . Doit-on leur en vouloir ? Nous descendons au village dont les façades bien italiennes descendent en cascade les pentes de la colline vers le port ; vraiment ravissant , mais la foule nous empêche de l’apprécier à sa juste valeur et c’est par un délicieux cornet de calmars frits et une bière  que nous remplaçons le restau . Nous sommes vraiment déshabitués de ces lieux surpeuplés et de tout le chichi qui s’y attache , car c’est une station vraiment chic . Les italiennes comme les italiens sont sur leur 31 . Courage fuyons , le bateau sera notre refuge et le sommeil nous y rejoindra très vite effaçant la ville et ses néons , ses lasers  et autres musiques tonitruantes et la nuit secouée de la traversée .

Repos d’autant plus nécessaire que demain (10 aout)  nous repartons sans plus attendre pour Rome .

Mouillage de Ponza : On est en aout , il y a du monde mais c’est relativement vaste . Par vent d’ouest la cote Est est accueillante mais il y a quand même un reste de houle aggravé par la trafic incessant . Toute la zone du port est théoriquement interdite . Mais nous sommes en Italie et de nombreux bateaux mouillent en rade à l’écart de la zone des ferrys ; c’est ainsi bien protégé. En cas de vent d’Est passer sur la cote opposée .

Comments

[Flo]

Bien arrivés c'est le principal..... mais vous devez être cassés. On a beaucoup de Houle cette année mais sur des distances plus courtes ! Elle s'accorde même le luxe de nous poursuivre au mouillage ce qui rend les débuts de randonnées un peu zigzagantes. Ce matin cap sur la tour Campo Moro à pieds...pour rejoindre ensuite Cacao ( sûrement au moteur ...)si ...pas trop de Houle! Je compatis pour les filliaux sans pilote ...bof bof bof ... et c'était juste pour nous une traversée continent Corse. Je vous souhaite une meteo plus favorable pour rentrer et de grosses bises à toute la flottille.

[Stéphane]

Si en plus les conditions de navigation sont difficiles, çà ne doit pas arranger le moral. Bon courage. On vous embrasse

[MH]

Nous sommes désolés de cette fin de périple contrariée. Bon courage à vous. Nous pensons fort à vous