Porquerolles - Porto Conte
24 mai : La décision est donc prise du départ ce vendredi, un peu coincé entre les dépressions (grosses pluies sur les Pyrénées ) qui entrainent à l’arrière un régime de NW fort . La fenêtre est assez large, trois jours, mais pleine de complications, de changement de vents et de menaces de pluie.
Le départ de Porquerolles en milieu de journée, sans précipitation, se fait par vent d’Est-Sud-Est de 9 à 10 n , donc au près vraiment serré . Le «Solent»(petit foc plat) est parfait , et l’aide du moteur à 1800T nous permet d’avancer vraiment et de se sortir de cette veine de vent d’une vingtaine de milles de large, avec tout de même des rafales à 18n apparent. Nous ne sommes pas des puristes quand il s'agit de tracer de la route. Dans la soirée comme prévu le vent se calme en restant la même direction et la nuit se fera au moteur mais bien appuyé par les voiles, nous rentrons le solent vers minuit seulement. La manoeuvre et bien rodée et se fait dans le noir sans difficulté. Nous avons décidé des quarts de deux heures et demi. Thé et biscuits vont ponctuer notre nuit. Ce rtythme nous convient bien.
La nuit est belle, avec quelques nuages et un horizon pas vraiment clair. Les étoiles nous accompagnent et Myr comme moi, nous aimons ces ciels de pleine mer non pollués par les éclairages publics. Toutes nos lampes de nuit sont rouges . La rétine reste ainsi plus sensible aux faibles lumières. Ça n’est certes pas le ciel majestueux du vrai beau temps, mais la fascination est bien là. Fenêtre ouverte sur l’univers et les infinis qui nous dépassent, une petite coque de noix trace son sillage lumineux sur la mer sombre avec des éclats de phosphorescence sur la vague d’étrave qui s’étalent le long de la coque et s’éteignent loin derrière. Sur l’horizon, la lune pointe son mystérieux halo rougeâtre dans les dernières heures de la nuit . Puis c’est le soleil qui flamboie sur les montagnes de Corse au loin, rapprochées artificiellement par la réfraction des basses couches de l’athmosphère, elles sont distantes de plus de 60 milles ! Puis, montagnes et soleil, disparaissent bien vite avalés par les nuages .
En photo ces petites méduses qui flottent à la surface avec leur voile qui sort juste de l'eau. Elle sont d'un bleu saphir que la photo rend mal .
Au matin le vent rentre comme la météo le prévoyait, et même un peu plus tôt. Vent d’Est à 10 puis 15noeuds ce qui fera du 20 à 22n apparent à 45°du vent . Un peu trop tôt veut dire que nous sommes encore dans l’axe des Bouches de Bonifacio donc de la houle . Il est prévu que vent doit adonner progressivement, je déroule donc le génois et non le Solent. Il faut prendre rapidement un ris et quelques tours d’enrouleur pour que le pilote puisse maitriser la puissance de la voilure au près . Jamais moins de 6 noeuds et parfois 7. Avec la danse de cette grosse houle le confort est très moyen, mais le bateau passe si bien . Il y aura bien quelques crètes un peu vicieuses pour s’inviter à bord . Dès que nous avons atteint la latitude d’Asinara (pointe nord de la Sardaigne) la houle devient moins gênante apportant un confort qui s’améliore encore quand le vent passe peu à peu par le travers puis plus tard au grand largue. Progressivement je déroule le génois puis largue le ris pour garder notre vitesse. Le soleil un peu timide revient, la navigation de plaisance reprend ses droits dans le cockpit : lecture, nourriture, et siestes à tour de rôle .
A 17h nous passons le capo Caccia terme de notre traversée pour entrer dans Porto Conte, vaste baie où nous sommes seuls à mouiller sur fond de sable dans un décor de collines peu urbanisées . Apero avec Djambo, Repos-Dodo.