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PANTAIA périple méditerranée
11 juillet 2019

Première Fois (traversée)

       La météo est suivie par les cap'tain attentivement depuis plusieurs jours, scrutée à la loupe , décortiquée avec les différents modèles disponibles; elle reste incertaine jusqu’au dernier jour. Entre les changements d’un bulletin sur l’autre, les différences flagrantes entre les modèles de quoi s’y perdre. 

 

Grib à 23h

   

Grib 3h     Petit rappel : Nous prenons la météo grâce aux fichiers gribs qui sont des cartes de prévisions mondiales générées automatiquement par des calculateurs. Ce que l’on appelle « modèle » ce sont les différents algorithmes  qu’utilisent les ordinateurs pour générer ces cartes à partir des observations collectées à la surface du globe et par les satellites .. Nous obtenons ainsi des fichiers avec une carte des vents de 3h en 3h sur plusieurs jours, pour la zone choisie.  Si, sur des modèles différents et sur plusieurs bulletins successifs les prévisions sont stables la fiabilité est bonne voire très bonne; si au contraire cela change beaucoup la prévision est à prendre avec beaucoup de précaution . Les  ⦦ indiquent  la direction du vent ; le nombre de barbules la force du vent (1=10n - 2= 20n…).  Nous avons aussi la direction des vagues et bien d'autre indications… Les couleurs permettent de visualiser la force du vent du bleu (faible) au rouge (très fort). C’est assez parlant . Il faut de plus se déplacer dans le temps et dans l’espace sur la mer pour faire une prévision sur notre traversée. C’est ce que fait très bien le logiciel de routage qui nous donne à un instant T notre position et le vent prévu… Tout cela est bien beau mais il faudra prendre notre décision.     Les images montrent les fichiers à 23h puis à 3h du matin. L'astuce sera de passer en avant de la zone jaune du cap corse à 23h et en avant de la zone jaune de la cote italienne qui est la ligne de grains sur la carte de 3H(en rouge le tracé de la ro

    Après bien des hésitations c’est mardi (09/07) vers 11h30 qu’il faut partir pour passer la Giraglia pour les 107milles nous séparant des iles de Lérins où nous avons choisi d’atterrir.  Départ assez tôt pour être loin des côtes en soirée car le vent d’ouest doit revenir assez fort et en plus dans le nez. En fin de nuit il nous faut aussi avoir dépassé une zone de vents plus musclés de NE mais avec des rafales (grains probables). Nous sommes devenus bien craintifs et d’une prudence peu compatible avec l’imprévisibilité de la mer et encore plus du temps. C’est la rançon d’une technicité poussée bien au-delà de l’indispensable et de la recherche du risque zéro encore amplifié par la responsabilité de grands parents chargés d’âme. 

 

      Première fois pour Léane et Manon vont faire une traversée avec navigation de nuit, première fois perdre les terres de vue, une navigation plus longue … Alors mieux vaut ne pas se trouver dans des situations scabreuses si on peut l’éviter.

         La veille au soir repas au restaurant : U Lampione, sur le port pour un prix plus que raisonnable nous avons très bien mangé et l’accueil est des plus agréable et même charmant. Nous nous couchons malgré tout pas trop tard pour une bonne nuit de sommeil avant…

     

195 douche

   Derniers préparatifs le matin rangements nous quittons le port à l’heure dite. La traversée s’amorce donc avec un vent de NE. Nous passons la Giraglia sous un beau soleil et un vent portant trop faible pour pouvoir arrêter le moteur mais les voiles portent et permettent tout de même d’appuyer le bateau contre une houle résiduelle de SW bien marquée. Dieu merci les estomacs sont solides… Dans l’après midi un peu plus de vent et nous pouvons mettre à la voile pour quelques heures. Lecture, jeux de cartes, sieste sont les occupations principales . La douche s’improvise à l’avant avec la complicité de la vague d’étrave et de la houle parfois un peu forte. La traine elle restera désespérément vide, avec la perte de 2 rapalas vraisemblablement avalés par trop gros pour le fil . La veille attentive des dauphins et autre baleine tant attendus sera vaine. Un peu déçues quand même.

     A l’heure de l’apéro du soir l’alarme « huile » du moteur qui a repris son service depuis peu, retenti - stop moteur- ouverture du capot : la vidange s’est faite dans les fonds! Heureusement circonscrite au compartiment sous le moteur (la gatte). 4 ou 5 litres noirâtres qui tanguent là au fond . C’est le joint du filtre à huile, remplacé il y a peu, qui a fuit … Défaire ce filtre, retourner le joint (particularité du Yanmar 4JHE , il ne supporte pas les joints ayant une cannelure , celui-ci doit être lisse… Je le sais mais c’était une pièce d’origine et était montée ainsi, je n’ai pas jugé bon d’inverser le joint lors du remplacement). Récupérer « proprement » un peu de huile répandue sans racler le fond, compléter le niveau avec l’huile de vidange que je n’avais pu jeter à Macinaggio (du bol) et nous voilà repartis. 

  

196 coucher de soleil

197 lever de soleil

    Le ciel se voile au coucher du soleil offrant de belles lumières aussitôt fixées sur les caméras . Au cours du repas les quarts sont organisés: premier quart jusqu’à 23h Myr, deuxième jusqu’à 0h30 Léane + Manon, troisième jusqu’à 3h Gilles puis de nouveau Myr est les filles à 5h pour voir le lever du soleil.

Je reste cependant vigilant : à 23h le vent doit rester faible et de NE si nous échapons à la zone de SW qui s’installe après notre passage et vers 3 heures à surveille les grains qui peuvent apparaitre si nous n’avons pas dépassé la zone turbulente.

       Trouver le sommeil dans ces circonstances, nouvelles pour les unes et de responsabilités pour le capitaine n’est pas évident mais rien de cela ne nous empèchera de dormir. Le réveil de 23h est facile, le vent reste stable (bon signe) et le quart est pris avec sérieux et vigilance puisque nous croisons un bateau, feu vert visible, probablement un voilier  dans le sens inverse de notre route. Les gros bateaux sont bien identifiés par l’AIS et ne donneront pas motif à réveiller le capitaine. Les nuages qui ont pris possession de l’horizon respecte le Cie au dessus avec un beau quartier de lune et des étoiles bien visibles. Ça n’est hélas pas le vaste ciel des nuit d’été claire … 

       En fin de quart, descend du nord la zone de grains bien visible avec sa ligne nuage noir d’encre qui s’installe derrière nous avec les éclairs qui restent cantonné sur la côte loin au nord pour l’instant. Le vent comme prévu est arrivé, favorable(grosso modo à 90°) , de NNE permettant d’arrêter le moteur . Il nous propulse à 6n sans d’inconfort sur une mer calme. Pas question de lire ou rêvasser pendant ce quart. Puis nous éloignant de la zone perturbée le vent faibli, re-moteur qui reste sous surveillance attentive.

      Les filles ont bien pris leur quart de 5h et si le lever était plus difficile c’est bravement qu’elles sont remontées sur le pont. Le soleil se lève en dessous de la barre de nuages au loin offrant le spectacle inaccoutumé de ces moment magique où émerge du rose de l’horizon la timide boule orangée qui va flamboyer  quelques instants avant de se noyer dans les nuées persistantes . Puis le vent revient, brise de terre cette fois ci, les voiles se redéploient, le moteur se repose et à 45°-50° au près bon plein c’est à 6-7n que Pantaia s’ébroue et passe en douceur dans le petit clapot de tout son poids.  Nous achevons notre route, les iles de Lérins , basses, maintenant se détachent  bien sur le fond de la côte estompé par la brume du petit matin . La gite n’empêche pas Manon de dormir, qui nous dira même n’avoir rien remarqué . 

 

 

 

     Je ne sais si cette traversée marquera les esprits de nos deux petites filles, comme d’autres premières fois.  Mais leur aisance à bord, leur adaptabilité à des situations inhabituelles est un plaisir et un gage de leur aptitude à vivre dans un monde qui n’est pas toujours un cocon parfaitement tricoté. Et encore moins tricoté du fil si doux que souhaiteraient pour elles les parents (ou grands parents) aimants.

       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
B
Quelle belle histoire !<br /> <br /> Ce sont des moments inoubliables même si le ciel n'était pas tout clair.<br /> <br /> Bravo au capitaine et à l'équipage <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> <br /> Bruno
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